1.2.12

Passion et Image: Art Russe depuis 1970 : la Collection Arina Kowner, Berne, Kunstmuseum, 3 décembre 2011 – 12 février 2012


Je n’étais pas particulièrement emballée à l’idée de m’aventurer dans cette exposition. Les seules connaissances que je possède en art russe se limitent au constructivisme et au suprématisme, et pour être honnête, elles sont plutôt floues. Qui plus est, confrontée, lors d’expositions diverses, à des œuvres d’artistes russes contemporainEs, je dois avouer qu’il m’a toujours été difficile de saisir réellement les enjeux de leur art. Mon ignorance en histoire et culture russes y est sans aucun doute pour quelque chose. Régulièrement frustrée de ne pouvoir convenablement apprécier l’art russe (ainsi que l’art des anciens pays soviétiques), je développais une certaine réticence à son égard. Par conséquent, j’étais moyennement motivée à me rendre à Berne pour voir ‘Passion et Image: Art Russe depuis 1970 : la Collection Arina Kowner’. Il faut dire que le titre à rallonge n’est pas non plus pour aider (les gars faut vous mettre d’accord, c’est au maximum un titre et un sous-titre).

Cependant, étant donné que je me trouvais au Kunstmuseum et que le beau gosse de l’accueil m’avait filé un petit guide de visite, je me suis laissée tenter. Pour une fois, me dis-je, que nous avons droit à quelque chose d’un peu différent d’Andy Warhol & co – oui il y a eu d’autres choses dans la deuxième partie du XXème siècle, wow, no way, dingue –  ça valait bien le coup d’y jeter un œil.


Vladislav Mamyshev ‚Monroe’ (*1969), Matou (Allusion à Stalin), 1991, Technique mixte, 62 x 48 cm, © Collection Arina Kowner


Arina Kowner, originaire de Russie, a grandi à Zürich. Après avoir été, entre autres, directrice du Pour-Cent Culturel Migros et membre du conseil de la fondation Pro Helvetia, elle monte en 2002 le projet ‘Okno – fenêtre sur l’art russe’ pour encourager les échanges entre l’art russe et l’art suisse. Commencée à la fin des années 80, sa collection comprend principalement des œuvres russes mais également internationales ; ce dialogue est répété au Kunstmuseum, où des artistes d’origine variée s’invitent – avec plus ou  moins de succès – dans les salles présentant des courants ou des groupes russes. Deux artistes en résidence complètent la kyrielle de noms et une dichotomie entre l’art de Moscou et celui de Saint-Pétersbourg permet de structurer le tout.
Le guide explicatif contient une foule d’informations ; les artistes sont nombreux, les salles également, et il y a beaucoup à digérer – surtout si comme moi, vous êtes moyen au point sur l’art russe. Le cahier a été rédigé avant l’installation et quelques passages peuvent porter à confusion, notamment lorsque les œuvres sont accrochées dans la salle du milieu plutôt que dans la salle où elles sont mentionnées. Il y a même une ou deux œuvres que je n’ai pas trouvées, mais dans l’ensemble, le tout est plutôt clairement présenté. Le guide est téléchargeable sur le site du Kunstmuseum, à vous de juger si cela vaut la peine de le survoler avant la visite afin de pouvoir se concentrer moins sur les explications que sur les œuvres.


Sergei Bugaev ‚Afrika’ (*1966), Rouge (Hommage à El Lissitzky), 1991, Acrylique sur panneau aggloméré, 100 x 150 cm, Collection Arina Kowner, © L’artiste


Les œuvres justement, parlons-en. L’éventail de styles est impressionnant : de la référence à l’avant-garde des années 10 jusqu’au conceptualisme en passant par le néo-académisme et la photographie (my favorites !), il y en a pour tous les goûts. La frustration que j’avais ressentie jusqu’alors devant l’art russe s’est transformée en satisfaction : satisfaction de voir un art différent, qui puise dans des codes spécifiques à son histoire – voir la salle des icônes – et qui utilise les canons de l’histoire de l’art occidentale d’une manière particulière. En effet, les références sont bien présentes, mais passent par des chemins surprenants, moins connus, moins usés. En résulte une impression rafraîchissante d’inattendu qui ne peut que séduire. En somme, le risque de ne pas comprendre est de loin compensé par le plaisir de voir des œuvres inhabituelles ; et rassurez-vous, si vous êtes complètement perdus, Warhol, toujours prêt, fait office de bouée.

Timur Novikov (1958 - 2002), Saint Jean-Baptiste de Kronstadt, 1998, Photographie sur tissu, 145 x 104 cm, © Collection Arina Kowner

Beaucoup d’œuvres m’ont plu et j’aurai aimé vous les montrer, malheureusement elles sont difficilement accessibles sur internet et j’ai eu la bêtise de ne pas acheter le catalogue (qui se décline d’ailleurs en deux formats : le classique, qui doit bien peser dix kilos, et le simple, présentant les œuvres accrochées et les artistes, alternative nettement plus abordable et transportable – concept à retenir ?). Bref, il ne vous reste donc plus qu’à vous rendre à Berne avant le 12 février afin de découvrir le tout et d’y choisir vos favoris.


Bella Matveeva (*1961), Kallipiga (Kallipygos – Vénus avec le beau derrière), 1992, Huile sur toile, 110 x 140 cm, Collection Arina Kowner, © L’artiste



Sergei Borisov (*1947), Flying, 1988, Photographie, 28,8 x 40,5 cm, Collection Arina Kowner, © L’artiste

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